Expédition de l'Escadre "OSS" du Capitaine Seillière

Dès lors que l'Amirale les congédia, le Capitaine Seillière convoqua ses deux cousins dans son vaisseau afin de leur faire part de leur mission. Les deux capitaines lui confirmèrent leur présence, pendant que le Baron demandait à ce qu'on lui affrète une navette pour rejoindre l'Ardenne, son destroyer No Nyang Point Class. Pensif, il était conscient des risques pour son équipage et pour lui-même, mais sa mission était indispensable à la survie de la flotte et il mit rapidement de côté des inquiétudes pour se concentrer sur son objectif.

C'est une enseigne qui le receva, lui souhaitant un bon retour sur son bâtiment. Seillière la remercia et lui demanda si les Capitaines des Azincourts étaient arrivés, ce qu'elle lui confirma. Le Baron se dirigea donc vers son bureau où on l'attendait.

Hubert et Noël discutaient ensemble, visiblement amusé par les remarques du premier.

Cpt. Hubert Bonisseur de la Bath : Dis-moi Noël, tu trouves pas que la carrosserie du vaisseau amiral est un peu terne ? C'est quand même mieux un vaisseau propre, tu ne crois pas ?

Cpt. Noël Flantier de la Bath : Mhmm … effectivement, je lui mettrai bien un coup de polish à l'occasion …

Les deux frères ricanèrent, fier de leur blague douteuse mais se turent lorsque le Baron passa la porte, trop tard.

Cpt. Ernest-Antoine Seillière : Silence vous deux. Nous avons à faire. L'Amirale nous envoie en mission d'exploration d'une durée d'un an. Nous cherchons des systèmes capables d'approvisionner la flotte, comme des ceintures d'astéroïdes riches en minéraux ou des géantes gazeuses, en bref, tout ce qui pourrait nous être utile.

Cpt. Hubert Bonisseur de la Bath : J'imagine que nous devons remplir les soutes de carburant et de provisions pour le voyage ?

Cpt. Ernest-Antoine Seillière : Affirmatif, occupez-vous en Hubert. La gestion des fluides est votre spécialité après tout.

Cpt. Hubert Bonisseur de la Bath : Jamais avant le départ, Capitaine. Vous connaissez mon sérieux et mon professionnalisme.

D'un geste de la main, Ernest-Antoine le congédia et le renvoya sur son bâtiment pour superviser l'embarquement des réservés sur les trois vaisseaux.

Cpt. Noël Flantier de la Bath : Et moi Capitaine, qu'elles seront mes ordres ?

Cpt. Ernest-Antoine Seillière : Vous vous occuperez des préparatifs restants et des calculs pour le Benevides Transfert. Du moins, avant que vos propos vous fassent passer en cour martiale …

Flantier salua le Baron de la tête et quitta la pièce. Seul, Ernest-Antoine Seillière afficha la carte, pour l'instant noire, de cette constellation. Que leur réservait-elle ? Un paradis incarné ? Ou bien l'enfer ? Il n'y avait qu'une façon de le savoir. Une fois les préparatifs terminés, l'Ardenne annonça le départ de son escadre au Rhine et les trois vaisseaux partirent vers l'inconnu.

Après un voyage d'un mois environ dans l'espace interstellaire, agrémenté d'un cours saut PRL d'environ trois jours, l'escadre OSS du capitaine Seillières atteignit bientôt les abords du système Epsilon Inanis. A leur arrivée, ils constatèrent immédiatement la situation : le système se composait de trois étoiles : des naines rouges orbitant les une autour des autres en un ensemble de motifs complexes, de rosaces et de jolies arabesques. Habituellement ce genre de système était gravitationnellement très instable, et se terminait en règle générale en gigantesque partie de billard cosmique, jusqu'à trouver une certaine stabilité, ou d'envoyer tout les objets présents dans le voisinage des étoiles sur des trajectoires d'échappée de l'orbite, laissant donc un système désert et parfaitement inhabitable.

Mais ici, les trois étoiles orbitaient les unes autour des autres à des distances relativement éloignées : de l'ordre de cinquante à soixante unités astronomiques, tandis que les planètes évoluaient sur des orbites très proches de leurs étoiles. Il en résultait une configuration qui laissait peu de chance à l'émergence de la vie certes, mais qui présentait un triple système unaire gravitationnellement stable. Ce qui était une curiosité scientifique qui ferrait plaisir à la moitié des astronomes de la flotte. Et à vrai dire, le plus curieux, c'est en fait qu'il y avait de la vie dans ce système.

La deuxième planète du système Epsilon Inanis A pour être précis, était une boule de glace arctique, qui ne présentait des océans d'eau liquide qu'à son équateur, et était recouverte par une vaste calotte polaire sur tout le reste de sa surface, ponctuée de Taïga éparses et de toundra glacées. Elle orbitait à environ une unité astronomique de son étoile, et en faisait le tour complet en 122 jours terrestres. La journée locale durait seize heures, et la température en surface atteignait les 4°C en été, pour tomber jusqu'à -35°C en hiver ... Par ailleurs, la gravité ne dépassait pas 0,6G, et la planète était plutôt petite. En outre il serait particulièrement compliqué d'y faire pousser quoi que ce soit. Mais au moins elle avait de l'oxygène, et un champ magnétique.

La première planète du système, quand à elle, était une géante gazeuse, à dominante d'hydrogène, particulièrement petite, qui orbitait autour de son étoile en quinze jours à peine. Très très proche de cette dernière, elle semblait continuellement à deux doigts d'activer sa propre réaction nucléaire. Mais bien sûre, elle était bien trop petite pour cela. Au lieu de ça, elle se contentait simplement d'être un enfer aux températures inversement proportionnelles à la planète arctique que nous venons d'évoquer. Les scans relevaient trois mille degrés de température moyenne dans les plus hautes couches de son atmosphère.

Venaient ensuite deux petites planètes toxiques, à noyau de carbone, et dont l'atmosphère dense et lourde se composait quasiment exclusivement de vapeur d'eau et de dioxyde de carbone. Températures infernales ici aussi également donc. L'officier scientifique de l'UEFS Ardennes se permit d'évoquer la possibilité que ces planètes soient issues de la scission d'un astre plus gros, tant leurs propriétés semblaient proches. Seul un anneau de poussière, sur la première, la différenciait de la seconde.

Enfin, la dernière planète du système était une planète rocheuse, au manteau ferreux, et qui, malgré la présence d'un champ magnétique, présentait de grandes plaines irradiées sur toute une partie de sa surface.

Epsilon Inanis B pour sa part, ne comprenait qu'une seule planète : une toute petite bille de gaz ridicule, majoritairement composée d'oxygène, qui tournait autour de son étoile en laissant derrière elle une longue queue colorée, alors que son atmosphère était progressivement arrachée par les vents solaires. En effet, cette planète tournait autour de son étoile à moins d'un vingtième d'unité astronomique. Autrement dit, les pulsions et tempêtes magnétiques en provenance de l'étoile provoquait à sa surface l'arrachage progressif des couches supérieures de l'atmosphère. Dans quelques millénaires, elle aurait complètement fusionné avec son étoile.

Epsilon Inanis C enfin, comptait sept planètes : d'abord deux minuscules géantes gazeuses à base d'hydrogène qui orbitaient à moins de 0,3 et 0,4 unités astronomiques de leurs étoiles, ce qui leur donnait une très belle teinte rougeoyante, liée aux températures infernales de son atmosphère. Une petite géante gazeuse à base de méthane ensuite, à la belle couleur bleue, qui orbitait à 0,8 unités astronomique de son soleil, et deux planètes rocheuses, petites et moyennes, à base carbonée ensuite, qui orbitaient autour de leur étoile à des distances beaucoup plus grande : cinq unités astronomiques pour la première, et sept pour la seconde. Et tandis que la première était rendue toxique par son atmosphère, surchargée d'Azote et de méthane, la seconde en était parfaitement privée, et subissait de plein fouet les rayonnement des trois étoiles, rendant la majorité de sa surface tout à fait non irradiée. Venait enfin une grosse géante gazeuse à base d'hydrogène qui orbitait autour de son étoile en une trajectoire extrêmement elliptiques, passant à moins de 10 unités astronomiques d'Epsilon Inanis C à sa périapside, pour remonter à 65 unités astronomiques de l'étoile à son apoapside. Elle entrainait dans son système une petite lune, principalement composée de glace de Krypton fortement iodée. A chaque approche de l'étoile, la planète devait sans doute progressivement fondre, et perdre plusieurs kilomètres de rayon avant de se resolidifier dès que la géante gazeuse s'éloignait de son étoile. Et ce petit manège durait 20 000 selon les experts scientifique à bord.

Depuis le No Nyang Point Class, le Capitaine Seillière supervisait les manœuvres conjointes de son vaisseau et des deux Azincourts qui effectuaient méthodiquement le scan du système. Si l'Escadre OSS avait découvert une planète habitable, la gravité la rendait peu propice à la colonisation. Mais néanmoins, le système abritait des gazeuses et des planètes rocheuses. Conscient que l'Amirauté voulait les résultats de des recherches, le Baron transmit les données collectées à la flotte. Il ne doutait pas que l'Amirale saurait quoi en faire et qu'elle pourrait dépêcher des vaisseaux dans le système si elle voulait des informations complémentaires. Son escadre à lui, elle, reprendrait la route vers le système suivant. Après avoir prévenu ses capitaines de leur départ imminent vers le système suivant, la flotte disparut.

Un nouveau mois de vol entre les deux systèmes, et un nouveau mois passé à scanner leur destination et la division OSS approchait doucement de la moitié de sa mission. A bord, le moral était toutefois bon puisque le précédent système avait démontré que la constellation abritait la vie. A défaut d'être parfaite, la planète trouvée par le capitaine Seillère existait. Et c'était donc déjà un bon début. Lorsque l'équipage arriva dans ce nouveau système, ils constatèrent cependant deux choses intéressantes. D'abord, ils se trouvaient à présent dans un système binaire à huit planètes. Mais surtout, lorsque l'ordinateur de bord calcula leurs itinéraires de vol possible, il estima qu'il serait possible, depuis Nu Inanis, de rejoindre une constellation voisine en l'espace de trois années de vol. L'ordinateur généra aléatoirement le nom de cette constellation selon les standards fédéraux : Tigris, la Constellation du Tigre. Trois années, c'était certes peu, mais c'était aussi tout juste ce que la flotte nomade pouvait embarquer de matériel, pour faire tourner son industrie exclusivement sur ses stocks. Cette constellation était donc à portée, même si l'arrivée promettait d'être assez sportive.

Nu Inanis A était une Naine rouge plutôt stable entourée de quatre astre. Elle était sans doute relativement jeune, car son orbite était chargée d'un disque d'accrétion constitué d'un florilège de poussières, de gaz et de gros cailloux, qui se concentraient principalement entre 0,2 et 0,8 Unités astronomiques. Au milieu de ce disque d'accrétion, une minuscule planète (qui méritait difficilement le nom de "planète" en fait), à manteau ferreux, et dépourvue de champ magnétique, avait fait le vide, dessinant une longue strie tout autour de l'étoile dans son disque d'accrétion. Sa surface était constamment irradiée par les bombardements des rayons de son étoile.

Un peu plus loin, au delà du disque se trouvait une très petite géante gazeuse à dominante d'hydrogène qui orbitait autour de son étoile en un peu plus de six mois. Elle se trouvait à environ une unité astronomique de l'étoile. La dernière planète du système enfin, était une petite planète rocheuse à manteau ferreux, et dont le cœur n'avait sans doute jamais été assez gros pour initier de réaction nucléaire. Conséquemment, sa surface était elle aussi irradiée.

La seconde étoile du système était, semble-t-il, beaucoup plus vieille, et un peu plus grosse. Les deux systèmes orbitaient ainsi autour de leur barycentre à un peu plus de cent UA l'un de l'autre. La première de ces planètes était ici un monde cauchemardesque, au volcanisme intense, et de très petite taille. Couvert de coulées de laves et de grandes mers en fusion. La seconde était une géante gazeuse, tout à fait minuscule. Tellement minuscule en fait que son noyau devait être constitué de métaux extrêmement denses, et que le gaz autour d'elle avait du mal à s'agréger en boule. Venait ensuite une ceinture d'astéroïde qui orbitait à une unité astronomique de l'étoile, et enfin une toute petite planète rocheuse, recouverte d'une atmosphère d'oxyde de fer et de gaz carbonique qui masquait totalement sa surface.

Alors que le croiseur effectuait ses scans toutefois, un des officiers du pont, deux semaines après leur arrivée, demanda une entrevue avec le capitaine Seillière :

[Officier scientifique] Monsieur, je détecte une anomalie sur nos scanner.

Lorsque le capitaine arriva à sa hauteur il poursuivit :

[Officier scientifique] Ici, vous voyez ? Il pointa un écho radar diffus autour de l'un des astéroïdes de la ceinture de Nu Inanis A. D'après les scanners, il y a dans cette région une concentration anormale d'Hexanox et d'Argon en suspension dans le vide. Et au centre du nuage, un astéroïde principalement ferreux. Je ne peux pas en être certain Capitaine, mais à première vue, je dirais que quelqu'un, ou quelque chose, a vider ses réservoirs dans le coin, intentionnellement ou pas.

Le Capitaine Seillière venait de faire plusieurs découvertes intéressantes. Avant toutes choses, la ceinture d'astéroïdes qui pourraient se montrer riche en ressources. Mais aussi une planète rouillée qui pourrait peut être se montrer utile pour la Flotte. C'était des informations qu'il se devait de transférer à la Flotte Nomade, où l'Amirale ne manquerait pas de faire étudier ces données par des scientifiques et des techniciens qui évalueraient les coûts et les gains d'un potentiel projet.

Lorsque deux semaines plus tard, un officier scientifique réclama un entretien avec son capitaine, c'était pour présenter et interpréter des données inquiétantes. Quelqu'un ou quelque chose était passé par là, soit en direction de la Constellation du Tigre nouvellement découverte ou vers leur prochaine destination. Après avoir informé ses cousins de cette information, le Capitaine Seillière ordonna qu'on se rapproche de l'anomalie afin d'y effectuer des recherches supplémentaires.

Cpt. Ernest-Antoine Seillière : Rapprochons-nous de l'anomalie pour l'étudier. Que le Dunkerque et le Champagne couvrent notre approche et se tiennent prêt à intervenir en cas de problème.

Les deux capitaines de la Bath avisèrent donc un corps stellaire voisin et se positionnèrent autour de ce dernier, en orbite stable, afin de pouvoir maintenir leur position et de préserver leur vitesse pour une intervention rapide si elle s'avérait nécessaire. Ils coupèrent également leurs moteurs et passèrent en navigation silencieuse. Désormais ils n'émettaient plus la moindre décharge d'énergie, et passeraient pour deux cailloux sur un écran radar.

L'Ardennes pour sa part, s'approcha de l'astéroïde autour duquel avait été détecté l'anomalie. Il se rapprocha lentement de ce dernier puis, le timonier calcula un itinéraire orbital autour de l'étoile qui lui permettrait de préserver une vitesse relative audit astéroïde de 0. Autrement dit, de s'arrêter. Ou presque. Lorsque le Destroyer opéra sa rotation, il perçu cependant l'origine du problème : un cargo Solar Beam était écrasé contre la surface de l'astéroïde, les scanners et caméra du destroyers indiquait que toute la partie avant de l'appareil avait été écrabouillée par l'impact et transformée en un tas de tôles fumantes, tandis que la partie arrière présentait plusieurs gros trous, manifestement fait à l'aide d'une artillerie cinétique. Tout autour du cargo, sur la surface de l'astéroïde, plusieurs cratères indiquaient que le cargo avait également été bombardé depuis l'orbite. Enfin, on distinguait tout autour du cargo, flottant dans le vide, les épaves de plusieurs petites nacelles minières, et des centaines, peut-être même de milliers, de corps désarticulés flottaient, sans vie et sans combinaisons de survie, dans l'espace autour du vaisseau. Le vide stellaire avait fait éclater leurs organes, leurs orbites et déformait leurs muscles et leurs membres, tandis que les radiations de l'étoile, toute proche, avait couvert leur peau de cloques et de brûlures.

A proximité du cargo, on distinguait également, en formation resserrées, deux flottes minières entières, pourvues de clanches de sécurité, qui devaient être accrochées au cargo. A l'intérieur se trouvait les corps sans vie de leurs pilotes. Ils avaient dû assister à l'attaque, s'ejecter, et être abandonnés là par les assaillants. Dépourvus de système Benevides, autour d'une étoile morte, avec un carburant limité et sans aucun moyen de sauver leurs vies, ils avaient sans doute attendu la mort dans leurs cockpits, jusqu'à ce qu'ils n'aient plus d'air dans leurs réservoirs ...

Un cimetière, un immense cimetière, voilà ce que l'Escadre OSS avait découvert. Un cargo écrasé, criblé de trous. Des milliers de morts, pour la plupart des mineurs. Ernest-Antoine Seillière n'en revenait pas, il ne pensait pas trouver des traces d'un tel massacre dans cette nouvelle galaxie qu'on pensait en paix. Seulement, quoi qu'on en pense, la guerre ne semblait pas très loin. Ce qui intrigait le plus le Capitaine, c'était sur les épaves ne semblaient pas avoir été pillé, chose improbable si des pirates étaient responsables d'une taille ignominie.

Le Baron Seillière reprit cependant rapidement le contrôle de la situation, ses deux cousins se étaient tapissés dans l'espace, prêt à riposter à toutes menaces. Quand à cette épave, elle avait le mérite de représenter du butin.

Cpt. Ernest-Antoine Seillière : Très bien, procédons comme d'habitude. Collectez tout ce qui a de la valeur et faites moi un inventaire détaillé du butin, nous nous occuperons de rentrer les données dans notre base de donnée plus tard, nous ne pouvons pas nous éterniser. Vérifiez qu'il n'y ait pas de survivants ou des indices pouvant nous renseigner. Voyez aussi si nous ne pouvons pas exploiter les restes du Solar beam, que ce soit en le bidouillant ou en l'attachant à notre vaisseau. Je vais contacter la Flotte pour leur faire un rapport préliminaire, tout ça ne me dit rien qui vaille. 

Les équipages savaient comment réagir en présence de butin et ils savaient que leur Capitaine pratiquait le partage répandu dans la flotte. L'inventaire et la collecte des ressources de valeur fut organisé, à commencer par les flottes de drones miniers. Le Capitaine Seillière transmit les informations à la Flotte, occultant le détail précis du butin et insistant sur le côté dramatique de sa découverte.

L'équipage se mit donc à l'œuvre et commença à scanner l'épave du vaisseau. Visiblement, d'après les rapport, ce dernier ne transportait pas de minerai. En fait, il transportait de la nourriture, des machines agricoles, des semis, et de l'engrais, et quelques autres machines industrielles potentiellement utiles. Mais si l'ensemble de sa cargaison biologique avait été exposée au vide de l'espace, et n'était donc plus du tout utilisable, l'équipage constata aussi au travers de leurs scanners, qu'une bonne moitié des entrepôts de stockage du Solar Beam étaient vides. Et soudainement, alors que le capitaine de l'équipe de récupération apprêtait ses hommes de l'autre côté du sas, l'un des radaristes poussa un cri d'alarme sur la passerelle.

[Radariste] Contacts ! Nombreux contacts !

Son officier responsable pressa aussitôt la commande d'alarme.

[Radariste] Deux appareils en approche de l'intérieur de la ceinture, tonnage estimé corvette. Et un autre en approche en face de nous. Tonnage estimé, Destroyer. Vitesse apparente : 20 000 kilomètres par heure. Ils sont déjà à portée de missiles !

Sur le pont, un véritable chaos s'empara de l'équipage. Rompu aux attaques surprises des Xenos, c'était cependant un chaos ordonné, et chaque homme regagnait déjà son poste. Soudainement, une lumière rouge s'alluma sur le pupitre de contrôle du capitaine. Comme en échos, une des enseignes en charge du PC contre-mesures lança alors :

[Enseigne] Ils nous verrouillent ! Missiles en approche ! Seize missiles multi-rôles, six missiles ASSM ! Impact dans quinze minutes. Capitaine, si un seul des ASSM nous touche il faudra lever le drapeau blanc !
[Radariste] Nombreux appareils au décollage monsieur ! L'ennemi a déployé au moins trois escadrons de chasseurs !

Le Capitaine Seillière tenta rapidement de remettre de l'ordre dans les rangs, qui néanmoins n'avaient pas cédé à une panique désordonnée et donc dangereuse. De son calme et de sa fermeté habituelle, Seillière ordonna à ce qu'on mette les gazes, propulseurs cryogéniques d'appoint à toute berzingues, pour que le vaisseau aille se placer derrière l'astéroïde qui se trouvait pas très loin, en usant de la gravité afin de tourner sans consommer plus de carburant que nécessaire. Avant d'effectuer la manœuvre, Seillière ordonna à ce qu'on fasse usage de l'armement électronique pour pirater les systèmes d'armement d'un des missiles au sud. Dans le meilleur des cas, nous changerons la cible du missile pour qu'il attaque un des autres missiles sur la même case. De plus, toujours avant la manœuvre, il ordonna à ce qu'on déploie les drones en formation autour du vaisseau, au fur et à mesure que le No Ryang Point se déplacerait.

Plus loin, les Capitaines de la Bath se mettaient en branle bas de combat, et commencèrent des manœuvres pour sortir de la gravité de l'astre. Là encore, avant la manœuvre, les Capitaines de la Bath n'usèrent que leurs GolanDrive, 2G, afin de monter jusqu'à 7G, permettant aux drones de se déployer durant toute la manœuvre.

Ne sachant pas si il allait l'emporter, le Capitaine Seillière prit la décision de contacter la Flotte Nomade afin de l'informer de la situation délicate où il se trouve. Sans nouvelles de sa part dans quelques heures/jours, l'Escadre OSS devra être considéré comme mal en point, neutralisé, voir détruite.

Le combat était maintenant sérieusement engagé. L'escadre fédérale, bien qu'en mauvaise posture, parvînt néanmoins à brouiller les systèmes de guidages des missiles dirigés contre elle, et, ce faisant, ils parvinrent ainsi à lui faire perdre provisoirement leur verrouillage, les envoyant ainsi s'écraser à toute allure dans l'un des astéroïdes voisins. Ceci dit, les autres missiles n'avaient pour leur part, pas perdu leur verrouillage, et toujours en accélérant, ils cherchaient maintenant à se rapprocher du destroyer No Ryang sur lequel ils étaient toujours lockés ... Dans le même temps, les deux étoiles de Telaar modifiés, dont les transpondeurs signalaient désormais qu'ils s'appelaient "Hammer" et "Thunder" poursuivaient leurs manœuvres de harcèlement, hors de portée du destroyers, tout en continuant de lâcher torpilles sur torpilles dans sa direction. Deux des missiles ainsi envoyés passèrent alors juste au dessus du destroyer, le manquant de très peu, et déclenchant leur explosion un peu à l'avant de l'appareil sans lui faire de dommages toutefois. Un léger tremblement se répandit dans toute la coque suite aux vibrations et aux impacts de schrapnels qui venaient écorcher la peinture ... Plus problématique, le Lady's Luck, de toute la puissance de ses propulseurs filait désormais à toute allure en direction de l'Ardennes, et il venait de déployer un second escadron de chasseurs ... A côté, les transports de troupes et les chasseurs offensifs des pirates se regroupaient pour lancer un raid contre une cible encore inconnue ...

Le Capitaine Seillière était dans une position difficile, les missiles ennemis n'avaient manqué son vaisseau que de peu, nul doute que la chance ne serait pas toujours à ses côtés. Après avoir deviné les manœuvres du Dunkerque et du Champagne, le Baron Seillière estima qu'il était temps d'arrêter de fuir et de passer à l'offensive. Usant de nouveau ses propulseurs cryogéniques d'appoint, l'Ardenne entama une manœuvre de contournement de l'astre pour se trouver en position d'envoyer ses 8 missiles MR Mk III en direction de la corvette Thunder. De plus, le No Ryang Point utilisa, contre la même cible, son armement électronique sur ses Réservoirs. Les drones du No Ryang Point, en formation défensive autour du vaisseau, garderont leurs Missiles AS Mark III (24) pour plus tard. Pour finir, l'Ardenne et ses drones utiliseront une unité de carburant chacun afin d'effectuer des manœuvres évasives.

Le Dunkerque utilisera ses propulseurs cryogénique d'appoint pour prendre de la vitesse et rejoindre l'Ardenne. Sa vitesse lui permettra d'utiliser ses 4 missiles ASSM Mark II et ses 6 missiles MR Paladin Mk III directement sur le Lady's Luck. Ses 12 drones tireront l'entièreté de leurs Missiles AS Mark III (24) sur la même cible. Pour finir, le vaisseau et ses drones utiliseront 1 unité de carburant chacun pour effectuer des manœuvres évasives.

Enfin, le Champagne utilisera ses propulseurs cryogénique d'appoint afin de se placer en orbite de l'astre voisin. Il tirera ses 4 missiles ASSM Mark II et ses 6 missiles MR Paladin Mk III sur le Hammer. Ses drones utiliseront leurs missiles MR Mark III (24) de la manière suivante : 12 missiles sur le Hammer et 12 sur le Thunder. Le vaisseau et les drones utiliseront 1 de carburant chacun pour effectuer des manœuvres évasives.

L'Ardenne et le Dunkerque seront en mesure de se soutenir mutuellement avec leurs CIWS respectives.

Les huit missiles du No Ryang filèrent à travers l'espace, et quelques 7000 kilomètres plus loin, quatre d'entre eux touchèrent la corvette pirate. L'un d'entre eux éclata à l'intérieur du vaisseau, déclenchant sa charge corrosive, tandis que les trois autres traversèrent le vaisseau pirate de part en part sans lui faire plus de dommage. Le reste de l'essaim de missiles fut détruit en plein vol par les barrières de la corvette. Quand à l'attaque électronique du No Ryang, elle resta malheureusement sans effet, la corvette continuant son vol sans plus de problèmes. Juste après lui, le Dunkerque, qui filait à toute allure jusqu'à rejoindre son côté, lança à son tour une salve de missiles ASSM vers le Lady's Luck, un seul d'entre eux atteignit sa cible, mais causa des dommages très sévères à la coque du destroyer pirate. Ses missiles ASSM furent, malheureusement, bien moins efficaces. Toutefois, juste après cet assaut, un véritable déluge de missiles anti-navires tirés par les drones du Dunkerque, achevèrent de transformer le Lady's luck en une petite boule de feu.

[Officier artilleur] Et ... Impact ! Destruction confirmée capitaine ! Lança bientôt l'un des officiers du pont d'artillerie du Dunkerque.

Quelques instants plus tard, c'est à bord du Champagne que résonna le même appel : le Thunder et le Hammer venaient, à leur tour, d'être détruits par la pluie de missiles tirés par le Destroyer et ses drones. A bord du No Ryang, une communication radio fut relayée au capitaine. Elle provenait des deux escadrons de chasseurs et de transport désormais privés de transporteurs dotés d'un système Benevides et perdus dans un système désert ...

[Capitaine d'escadron pirate] Très bien ! On a compris ! On se rend ! Barrières et armes désactivées. Nos vaisseaux ne sont plus en mesure de se défendre. Mais nous laissez pas là bordel !

L'estimation des dommages subit par le cargo prit deux bonnes semaines aux techniciens de l'escadre. S'il ne fut pas très compliqué de remettre en service ses systèmes de survie, il n'en restait pas moins que le cargo était en mauvais état. Au moins quatre unités de production lourde et une unité d'alliage serait nécessaire à le remettre en état. Et pas pour qu'il vole. Simplement pour qu'il ne se brise pas en mille morceaux lors du transport. A son bord, les équipes d'abordage mirent cependant la main sur du matériel agricole, en bonne quantité. Visiblement, les gens à bord de ce vaisseau espéraient installer une colonie agricole quelque part et se refaire une vie loin du danger que représentait les Xenos. Le capitaine Seillière trouva ainsi pour vingt unités de production lourde, dix unités de biens de consommation et dix unités de Bâtiments et travaux publics.

En revanche, les épaves des vaisseaux pirates étaient maintenant trop loin pour être récupérables. Elles étaient sorties de la portée des scanners.

Butin total :
- Une épave de Cargo Solar Beam (endommagée à 80%) (valeur estimée 319 millions de livres galactiques)
- Deux flottes minières (Valeur estimée 252 millions de livres galactiques)
- 20 unités de PL (Valeur estimée 366,8 millions de livres galactiques)
- 10 unités de BM (Valeur estimée 23,6 millions de livres galactiques)
- 10 unités de BTP (Valeur estimée 90,1 millions de livres galactiques)

Le Capitaine Seillière, dans sa veine familiale d'entrepreneur, convoquera les principaux quartiers-maîtres et gradés dans les équipages afin de leur proposer un accord, qu'ils devront promouvoir au sein de l'équipage. Le Baron, étant un homme qui songe tout d'abord à l'avenir, proposera la création d'une "entreprise", pour l'heure fictive, qui incluera tous les membres des équipage dans les actionnaires. Les Capitaines se partageront donc 20% des actions, quand à l'équipage, ils se partagera 80% des actions. Ces actions appartiendront aux membres de l'équipage et a leur famille en cas de décès. En contrepartie, les butins des pillages revenant aux capitaines et aux équipages seront automatiquement réinvesti dans l'entreprise afin de construire notre avenir après la colonisation. Les bénéfices que fera l'entreprise après sa création et l'établissement de la Flotte sur un nouveau monde, seront partagées à hauteur des actions de chacuns. A ce moment là, si des membres de l'équipage souhaitent vendre leurs actions, il ne fait nul doute que l'entreprise devrait être en mesure de leur racheter, leur permettant de poursuivre leur chemin de leur côté.

Le Capitaine Seillière s'est toujours montré juste et loyal envers ses équipages, il enjoint donc ceux-ci à lui faire confiance une fois de plus. Conscient que certaines ressources sont indispensables pour la Flotte, le Capitaine sollicitera une audience avec l'Amirale afin de trouver un terrain d'entente avec celle-ci au nom de l'entreprise. Aux vues de la pénurie de ressources, il est très fortement envisageable qu'elle exige la totalité des ressources saisies, en négociant avec elle au nom de l'entreprise, le Capitaine Seillière estime pouvoir obtenir des garanties et une reconnaissance de dette. Il ne faut pas oublier que pour pouvoir profiter de ce précieux butin, il faut que la flotte reste en vie et trouve un nouveau monde habitable. L'avenir, voici en deux mots ce que le Capitaine Seillière propose.

Le Capitaine Seillière ordonnera à ce qu'on arrime une des flottes minières sur les ports d'arrimage des trois vaisseaux et à ce qu'on charge 12 unités de PL dans les soutes à marchandises. De plus, le Baron Seillière convoquera le chefs des survivants pirates dans son bureau afin d'obtenir des informations sur eux. On s'assurera que les appareils légers et moyens des pirates ne dérivent pas dans l'infinité de l'espace.

Après avoir placer les différents astronefs à dans l'orbite de l'un des astéroïdes les plus massifs de la ceinture, et avoir placer une balise histoire de pouvoir les retrouver, et après avoir ajouter à l'ensemble une des deux flottes minières, l'escadre du capitaine Seillière était donc prête à partir. On chargea également la production lourde embarquée et on arrima les nacelles minières. Pendant ce temps là, le capitaine Seillière se trouva dans son bureau, nez à nez avec six pirates à l'allure patibulaire : deux famaguriens grands comme trois fois lui, qui le regardait avec un air dubitatif et inquisiteur, un marnarien qui portait encore sa combinaison de pilote, une Telaari au visage traversé par une longue cicatrice blanche, une humaine, âgée d'une trentaine d'année et aux cheveux coupés courts, la moitié du crâne complètement rasée, et un humain mal rasé, couvert de cicatrices et de tatouages. Ce fut ce dernier qui ouvrit la bouche en premier.

[Capitaine pirate] Vous vouliez nous parler ? Ben voilà, on est là. Vous pouvez parler ...

Seillière se trouvait en effet à présent avec de nombreux prisonniers à bord : les quelques 96 pilotes des astronefs pirates, mais aussi leurs passagers : deux compagnies de Famaguriens à l'allure très énervée, une compagnie de sceldaroniens et trois compagnies de pirates ...

Face à lui se trouvaient six capitaines pirates, tous aussi dangereux les uns que les autres. Le Capitaine Seillière, lui, n'avait pas réellement de force armée capable de les contenir, sinon très difficilement. C'était plus de 800 prisonniers que No Ryang Point abritait désormais. Néanmoins, selon lui du moins, la situation dans laquelle il se trouvait n'était pas si désespéré qu'elle en avait l'air. Ce qui l'inquiétait le plus, c'était la réaction de l'Amirale à la vue de tous ces passagers clandestins. Néanmoins, selon lui, la Fédération se devait de les juger, dès l'instant où ils avaient décidé de déposer les armes. Ignorant la provocation de celui qui s'adressa à lui, Seillière prit un ton affable, presque amical.

Cpt. Ernest-Antoine Seillière : Bienvenu à bord de l'Ardenne, Messieurs et Dames. Je suis le Capitaine Ernest-Antoine Seillière, votre hôte. Je suis dans l'obligation de vous signifier votre état d'arrestation, pour cause de piraterie et d'agression envers un représentant de la Fédération. Mais bon, vous l'aviez deviné et je ne vous ferai pas l'affront d'insulter votre intelligence.

Dans la salle où les reçus le Capitaine Seillière, se trouvait plusieurs gardes, assez bien armée pour des membres de l'équipage. D'autres se trouvaient être des marines embarqués que les Capitaines de la Bath avaient fait débarquer quelques heures avant l'embarquement des prisonniers dans le vaisseau.

Cpt. Ernest-Antoine Seillière : Je ne vais pas vous mentir, je n'ai rien de plus à vous promettre qu'un procès, qui se trouvera peut être pas si juste et équitable que ce que vous auriez obtenu dans la Voie Lactée. Néanmoins, je considère que les bons pilotes sont des ressources rares, et les bons capitaines d'autant plus. De plus, votre expérience dans cette constellation dépasse certainement les miennes. Sans parler des informations que vous pourriez avoir à m'apporter. Certains rejoindront les brigades pénales pour purger leur peine, certains auront peut être le droit de voler de nouveau pour la Fédération, certains monteront peut être un jour en grade dans l'armée, quand à d'autres, ils mourront. Mais nous nous occuperons de cette formalité en temps et en heure.

Posant son regard sur chacun des capitaines dans la pièce, le Baron Seillière ouvrit les mains

Cpt. Ernest-Antoine Seillière : Je suis un homme pragmatique, je ne doute pas une seconde que vous avez déjà songer à prendre ce bâtiment de force, quitte à en accepter les pertes, voir la mort. Je ne doute pas aussi que l'un de vous, pourrait à tout moment tenter de m'arracher la tête. Néanmoins, c'est votre désir de vie et de survie qui vous a poussé à vous rendre. C'est pourquoi je préfère vous montrer carte sur table en vous affirmant que je n'hésiterai pas une seule seconde à ordonner l'autodestruction de ce vaisseau en cas d'insurrection, et tant bien serait-il que vous parveniez à en prendre le contrôle, les deux Azincourts ont reçu l'ordre explicite d'abattre ce vaisseau si il venait à tomber entre vos mains, que nous soyons prisonniers ou non.

Le Capitaine Seillière leur adressa un regard dur, mais franc, avant de poursuivre.

Cpt. Ernest-Antoine Seillière : Je vous mentirai en vous disant que je désire mourir, ce serait grotesque, mais j'en accepte le risque, de la même manière que j'ai accepté de prendre le risque de vous sauver de la mort. C'est pourquoi, je compte sur vous pour tenir vos hommes tranquille et de coopérer. Es-ce clair ? De plus, je veux savoir qui vous êtes exactement et qui sont vos boss ?

Les pirates se regardèrent l'espace d'un instant. L'un des deux Famaguriens esquissa un petit sourire goguenard avant de répondre :

[Pirate Famagurien] Quelle importance ? Il est mort.

L'autre ricana dans sa barbe pendant que l'humaine, qui s'était faite discrète jusque là, assise sur une chaise en retrait, se redressa brutalement et lui flanqua une claque derrière la tête pour lui rappeler de se tenir :

[Cpt. Cinthia Fülöp] Capitaine d'escadron Cinthia Fülöp, trente huitième escadre de sécurité du Secteur Durban, 108eme escadron de chasse. On ignorait qu'on attaquait un appareil fédéral quand on est passé à l'assaut. Les soutes du Lady's Luck étaient quasiment vides, on n'avait plus rien à manger, et nos centrales à hydrogène fonctionnaient sur la réserve, à demi-régime. C'était vous ou nous. Et c'est tout le temps comme ça ici. Manger, ou être manger. Si vous voulez foutre un semblant de loi au Far West, j'espère que vous apportez une armée avec vous capitaine.

Le Capitaine Seillière n'était pas réellement surpris, il ne doutait pas que de nombreux pirates étaient en réalité d'anciens membres de la flotte fédérale qui s'étaient reconvertis après leur fuite et probable désertion. En temps normal, c'était des crimes très sévèrement punis, mais en ces temps incertains, tout était possible et la possibilité d'être gracié, ou du moins pour certains, tout à fait envisageable.

Cpt. Ernest-Antoine Seillière : Bien, je vois. La survie nous pousse à faire parfois des choix terribles, je veux bien l'admettre. Vous étiez tous des militaires de la Flotte, avant votre ... reconversion ? Avez-vous eu des contacts avec d'autres pirates, ou d'autres réfugiés ? Hormis ceux du transport que vous avez abattu, évidement. Je suis à la recherche de planètes potentiellement habitables, si vous en connaissez une, il ne fait aucuns doutes que ça plaiderait en votre faveur.

Le Famagurien esquissa à nouveau un sourire goguenard et lança :

[Pirate Famaguriens] J'étais dans beaucoup de vaisseaux de la flotte ouais. Mais jamais dans la flotte elle-même.

A côté de lui, la Telaari commençait doucement à perdre patience :

[Pirate Telaari] Bon sérieusement, vous nous racontez que vous êtes la Fédération et qu'on est aux arrêts tout ça tout ça. C'est passionnant, mais moi je vois juste un capitaine et trois vaisseaux pourris qui ont eut un peu de chance et nous ont battu. Et voilà, ça joue les donneurs de leçons. Ca se fait les grands chantres d'une loi que vous ferrez vous-même voler en éclat au premier prétexte pour défendre vos intérêts ... Alors si on parlait plus sérieusement un peu là ? Au lieu de prendre les gens pour des cons.

Sans attendre d'invitation, elle s'assit sur le bureau de Seillière, et en se regardant les ongles, commença une longue tirade :

[Pirate Telaari] Contrairement à ce que vous avez l'air de croire, y'a pas de Fédération ici. Y'a Exode, qui jouent les petits flics avec leurs deux croiseurs. Mais Exode, c'était des mecs comme nous y'a vingt ans. Des clodos spatiaux qui ont eut la chance de tomber sur une planète pas trop pourrie les premiers. Et vous savez comment Loomis l'a construit son "pays" ? En tirant sur des réfugiés et en piquant tout ce qu'il pouvait piquer. Parce que la vérité ici, c'est que celui qui s'en sort le mieux, c'est celui qui a le plus gros canon. Vous avez de la chance, vous aviez le plus gros canon aujourd'hui, mais demain vous tomberez sur un autre type, qui aura un plus gros canon. Et ce sera lui qui vous expliquera que "vous avez enfreint les lois fédérales", en s'improvisant capitaine de son cul et amiral de son nombril.

Elle marqua une pause, le temps de souffler un coup. Son débit et son rythme cardiaque s'était accéléré à mesure qu'elle parlait. Visiblement, elle était en colère.

[Pirate Telaari] Voilà ou vous êtes tombés, et avec qui vous êtes tombé Capitaine, puisque c'est ce que vous prétendez être. Alors vous pouvez continuer à jouer les grands princes et les paladins donneurs de leçon si ça vous chante capitaine. Mais laissez-moi vous dire une chose. Dans quelques mois ce sera vous qui serez à notre place. Et ça va vous faire tout drôle.
[Cpt. Cinthia Fülöp] Elle a raison capitaine. Si vous voulez jouer à la police libre à vous. Mais personnellement, j'en suis à mon troisième boss. Et avec mes gars, on a eut notre lot de sales coups et de sales rencontres. Je suis pas fière de ce que j'ai fait. Mais je l'ai fait par nécessité. Et ce que Gun'Mah essaie de vous dire là, c'est que le plus sage, c'est pas de nous juger, mais de nous recruter. On veut vivre, bouffer, boire, dormir et baiser. Comme vous. C'est pas plus compliquer que ça. Et ici y'a qu'un seul mode de vie qui existe. Celui du colt. J'espère que le votre est gros si vous entendez jouer les flics.

La Telaari semblait avoir un tempérament sanguin, sans parler qu'elle n'avait pas froid aux yeux. Les Marines dans la pièce firent un pas en avant, pour intervenir et écarter cette potentielle menace, mais le Capitaine Seillière leur adressa un geste de la main pour les arrêter. Il avait de tout, sauf d'une insurrection ou d'un affrontement dans son bureau. Après la longue tirade de la Telaari, puis l'intervention du Capitaine Fülöp, le Baron Seillière resta silencieux, réfléchissant aux solutions qui se dessinaient à lui. Et concrètement, la Troisième Directive en éliminait une très très large partie.

Cpt. Ernest-Antoine Seillière : Je dirige une expédition de reconnaissance dans cette galaxie. Je n'ai ni la prétention de faire la police, ni le luxe pour servir de camp pénitencier. Votre croûte, vous devrez la gagner, cela va de soit. Néanmoins, avant toutes choses, je veux être certain de pouvoir vous faire confiance, au moins un minimum. Tenez vos hommes tranquille, je ne veux pas de problème sur ce vaisseau. Cette rencontre fût enrichissante, mais j'ai du travail. Si vous avez besoin de quelque chose, dans la limite de l'acceptable et du raisonnable, faites en part à la Capitaine Fülöp. Elle sera la seule à pouvoir venir m'en faire part, sous escorte. Mesdames, Messieurs, je compte sur vous pour assurer notre survie mutuelle. Je vous laisse retrouver vos compagnons.

Le Capitaine Seillière attendit qu'ils quittent la pièce, sous escorte, pour souffler un bon coup. Dans quelle galère s'était-t-il placé ? Et surtout, pourquoi lui ? Toujours est-il qu'il avait obtenu des informations intéressantes, un certain Loomis avait créé Exode il y a pas plus d'une vingtaine d'années, par le pillage et la spoliation. En soit, rien de surprenant enfaite. Le Baron Seillière, ne sachant pas encore quoi faire, décida de contacter l'Amirale Corde. Dans tous les cas, c'était nécessaire puisque l'escadre OSS n'était pas en mesure de transporter tout le butin.

Cpt. Ernest-Antoine Seillière : Amirale Corde ? Ici le Capitaine Seillière. Je fais face à une situation inconfortable, je vous transmets le détail de ma conversation avec mes nouveaux passagers. Ces derniers pourraient éventuellement servir de témoins nous permettant de réclamer une prime à Exode, qui pourrait nous permettre d'acheter les ansibles dont nous avons besoin. De plus, j'ai mit la main sur un butin assez conséquent, dont je suis dans incapacité de transporter seul. En sommes, j'ai besoin de renforts ...

Cela faisait un moment qu'on ne l'avait pas déranger tiens ... La communication du Capitaine Seillière surpris Ori'n au beau milieu de la "nuit", ou plutôt, en dehors de son quart. C'est le quartier maître Reyes qui vînt la tirer de son sommeil "réparateur" à vrai dire. On fit naturellement patienter le capitaine Seillière un bon quart d'heure, mais au terme de cette attente, l'holotransmetteur se ralluma pour envoyer l'image d'une Amirale passablement ennuyée.

[Adm. Ori'n Corde] Bon, j'envoie le Capitaine Myagi Henei, l'escadron Silver, et un transport Lockheed pour vous aider à transporter. Ca suffira ? Pour le reste, j'ai visualisé votre enregistrement là. Il me semble que pendant les deux mois que vous allez passer dans ce système en attendant les renforts, vous allez avoir quelques longues conversations avec cette Gun'Mah, et cette Fülöp. Et voyez ce que les autres peuvent vous apprendre également. On a pas mal de choses à tirer de ces gaillards j'ai l'impression.

Elle releva d'ailleurs une incohérence dans le discours de la Telaari.

[Adm. Ori'n Corde] Loomis. Ca fait un nom de plus. Ceci dit, le capitaine McFergus nous parlait d'un certain Boulder dans ses premières rencontres avec les locaux. Et nous savons aussi qu'il y a Carlson père en charge de la flotte d'Exode. C'est suffisant pour que je réfléchisse à deux fois à une confrontation directe avec eux. Je veux en savoir un maximum sur cette République Capitaine, reconstituer leur histoire comme vous pouvez, et tâchez de me faire un rapport le plus détaillé possible de à quoi et à qui on a affaire.

Elle termina par un regard rapide à la liste du butin que lui avait envoyé le Capitaine :

[Adm. Ori'n Corde] C'est un beau pactole capitaine. Même si je ne suis pas convaincue que l'épave présente un réel intérêt. Une fois Myagi et ses hommes sur place, vous verrez avec elle comment démanteler l'épave et récupérer ce qu'on peut à bord. En l'état, renflouer ce cargo nous coûterait plus cher que ce qu'il pourra nous rapporter. Pour le reste, vous et votre équipage avez droit à la moitié de ce butin. Une idée de la manière dont se partageront les choses ?

Le Baron Seillière était satisfait de voir un visage rassurant. Après tout, lui et ses deux cousins n'étaient pas des militaires très expérimentés et le soutien de l'Amirale n'était pas anecdotique et superflu.

Cpt. Ernest-Antoine Seillière : Très bien Amirale, je vais voir ce que je peux apprendre de plus. Vos renforts seront les bienvenus. Concernant les prisonniers, ils m'ont fait part de leur désir d'être recruté. Et je dois dire que j'y suis favorable. C'est sans nul doute une manœuvre pour éviter les procès et une mort possible, mais leurs arguments ont du sens tout de même, non ? Ce sont des pilotes, des capitaines, des soldats expérimentés. Ce sont des compétences précieuses que nous pourrions mettre à profit pour la flotte. Nous n'avons pas les moyens de nourrir des bouches inutiles, quand à les tuer ? Ce serait immorale et inacceptable, sans parler qu'ils auraient tôt fait de tenter de s'emparer de mon vaisseau, ce qui ajouterai une perte supplémentaire. De plus, peut-être seraient-ils plus bavards si j'avais quelque chose à leur offrir, du moins autre que la mort. Que m'autorisez-vous a leur dire et que puis-je leur promettre ?

Le Capitaine Seillière resta évasif concernant le partage et transmit à l'Amirale un message confidentiel.

Ori'n hocha la tête en signe d'assentiment :

[Adm. Ori'n Corde] Ils commenceront par un service au sein des brigades pénales. Je n'ai pas de cellules confortable ou les installer. Les officiers conserveront donc leurs grades, et les hommes de troupes pareil. S'ils se montrent capables et compétent, de l'avancement sera possible au sein des brigades pénales. S'ils se montrent loyaux, des places à l'extérieure des brigades pénales seront proposées progressivement aux plus méritants. C'est l'accord standard que nous pouvons proposer aux prisonniers de guerre.

Elle réfléchit quelques instants, puis, après avoir consulté un fichier sur sa tablette :

[Adm. Ori'n Corde] L'autre solution, s'ils refusent, c'est de leur laisser deux cargos Etoile de Telaar, avec le plein et un pistolet de 9mm par personne. Ils pourront tenter de se refaire une santé avec leur vaisseau. Ou alors, de les abandonner sur l'une des deux planètes habitables de la Constellation avec pour toute ressource, une exploitation agricole.

Je peux aussi demander au capitaine McFergus de se renseigner sur leurs noms et identités auprès d'Exode, et voir si la République avait effectivement mit leur tête à prix ... Bref, laissez leur le choix. Mais en ce qui me concerne, il apparaît que la solution des brigades pénales est la plus sympathique de toute ...

Ernest-Antoine Seillière était rassuré que l'Amirale soit sur la même longueur d'onde que lui, ça lui faciliterait la tâche pour remplir sa mission.

Cpt. Ernest-Antoine Seillière : Très bien, Merci Amirale. Une dernière chose, la Capitaine Fülöp me semble plus raisonnable que les autres et elle semble avoir un certain respect parmi les autres. Étant donné que rien ne les oblige à nous faire confiance, je pense pouvoir affirmer qu'elle serait un atout pour la mission que vous m'avez confié. J'aimerai la permission de pouvoir lui assurer le maintien de son grade de capitaine d'escadron, si elle s'en montre digne. Je pense que les autres prisonniers seront plus enclin à lui parler à elle, plutôt qu'à moi, si ils ont des informations sur Exode. De plus, ce serait la preuve vivante pour les autres pirates que le mérite et la loyauté sont des valeurs payantes. Je sais que je vous en demande beaucoup, mais les chasseurs n'ayant pas de PLR, je doute qu'elle tente de s'enfuir par la suite, et tant bien qu'elle le ferait, la réponse à nos questions me semblent plus importante qu'une pauvre escadre de chasseurs.