Du Passé et de l'Avenir

L'image irréelle du Trou Noir emplissait toute la baie d'observation. Sur la passerelle, l'équipage s'activait en tout sens et procédait à la checklist d'usage après les bons hyperspatiaux, ajoutant à la liste des systèmes à vérifier l'ensemble des modules de régulation du phaseur quantique. Sur le pont du vaisseau, Louis Maximilien d'Aumont se tenait, droit, dans ses effets militaires, scrutant l'immensité de l'espace.

[L. M. d'Aumont] Ou sommes-nous ? Avons-nous quitté la Voie Lactée ? Demanda-t-il simplement à son officier de navigation.
[Navigateur] Apparemment oui monsieur. Les senseurs ne reconnaissent pas la disposition des étoiles qui nous entourent, et l'observatoire longue portée ne reconnait pas non plus les amas d'étoile des environs.
[L. M. d'Aumont] Avertissez les passagers qu'ils sont en sécurité, et que nous débutons les manœuvres de détection stellaire. Faites également monter l'archonte sur le pont de communication. Il serra un meilleur ambassadeur que je ne le serrai jamais. Nous devons en premier lieu vérifier la présence ou non d'autres astronefs humains.
[Second] Bien Monsieur.
[Navigateur] Ordres de navigation monsieur ?

Louis Maximilien se retourna pour se pencher sur l'astrocarte holographique qui représentait la constellation dans laquelle ils étaient arrivés. Il commença :

[L. M. d'Aumont] Il faut nous éloigner de ce trou noir. Laissez une balise de communication et une balise de détection derrière nous, et mettez le cap vers le système 20. Une fois sur place, commencer un scan des planètes du système. Ce qu'il me faut, c'est une planète habitable ou tout le monde pourra trouver le repos et la tranquillité.

Six années de voyage. Un vol long et difficile pour traverser à peine trois systèmes stellaires. L'Hyperdrive avait vieilli. Et visiblement souffert des affres du voyage et des batailles. On ne pouvait l'utiliser qu'à dix pour cent de ses capacités. Cela transformer des voyages de quelques nanosecondes en véritables croisières interminables. Néanmoins, en six années de voyage, les colons du MDSS Aumont avaient tout de même atteint le monde qu'ils s'étaient fixés. Finalement. Le système "20" d'hors et déjà baptisé "Nouvelle Mindoir", par l'équipage surexcité, ne comptait qu'une seule planète réellement hospitalière : un monde couvert de jungle, de taille appréciable.

Louis Maximilien mesura lentement les options qui s'offraient à lui. D'un point de vue de la foi, il eut été préférable de s'installer sur un monde vierge de toute vie, une planète aride, stérile ou arctique, et d'y employer la Grande Bibliothèque pour développer la faune et la flore originaire de leur bonne vieille terre. Ainsi, il pourrait en faire un nouveau lieu saint. Oui. D'un point de vue de la foi, c'était ce qu'il y avait de plus juste.

Mais le pragmatisme le rattrapa bien vite. L'équipage était traumatisé, épuisé. Et les passagers également. Il était hautement improbable qu'une implantation sur une colonie vierge soit pertinente à présent. Il leur faudrait plus de cent ans pour terraformer la planète, et plus de cent ans pour la coloniser. Impensable. Il prit donc la décision de faire une entorse à sa religion, et de prendre le temps de vivre sereinement avant de se lancer dans les grandes initiatives cultuelles ...

[L. M. Aumont] Débarquez sur le monde Jungle, et établissez une colonie. Ceci sera notre nouvelle maison.

Et de manière démocratique, on décida de baptisé la colonie "Nouvelle Mindoir", et la capitale "Aumont", en hommage au duc ...